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UNE BRÈVE HISTOIRE DU LOAS PARTIE 2 (1954 - aujourd’hui)

a— Des accords de Genève à la RDPL Lao: le chaos politique

Les accords de Genève de 1954 ont marqué la fin de la domination française en Asie du Sud-Est. Les pays participant conviennent à l’établissement de deux "zones de regroupement" dans les provinces nord du Laos qui sont alors sous contrôle politique communiste du Pathet Lao. Le reste du pays est unifié et dirigé par le gouvernement royal. La paix au Laos conclue par les accords de Genève n’est que de courte durée, les factions de gauche et de droite se déchirent et une deuxième conférence à Genève tenue en 1961 tente de résoudre le problème par la formation d’un gouvernement tripartite. Ce nouveau gouvernement fût composé de factions de gauche (le Pathet Lao, lié au Nord-Vietnam), de droite (lié à la Thaïlande et aux États-Unis) et neutres (dirigé par le prince Souvanna Phouma). La encore le cessez-le-feu est bref et la coalition se disloque en 1964 entrainant un chaos politique [1]. Face à la prise de Saigon (aujourd'hui Ho Chi Minh) et Phnom Penh par les communistes vietnamiens, les forces politiques de droite au Laos perdirent espoir et s‘exilèrent, permettant de ce fait une prise de pouvoir sans effusion de sang par les communistes lao à la mi-1975. Ceux-ci proclamèrent la fin d’une monarchie vieille de plus de 600 ans et instaurèrent la République Démocratique Populaire Pao (RDPL) en décembre 1975 [2].

b— Genèse de l’étroite relation avec le Vietnam

La politique était menée par le Parti Révolutionnaire Populaire Lao, son Politburo était dominé par une petite bande de révolutionnaires qui avait fondé le parti en 1955 et s'était engagé depuis dans des activités de rebellion et de séparatisme. Ces dirigeants entretenaient depuis longtemps une relation intime avec leurs alliés communistes Vietnamiens. Effectivement, avant de fonder le parti, ils avaient été, pour beaucoup, membres du Parti communiste indochinois. La plupart parlaient vietnamien et certains avaient des liens familiaux avec le Vietnam. En outre, les Vietnamiens disposaient de nombreux canaux - partisans, militaires et économiques - par lesquels ils transmettaient directement leur influence. Ainsi, le nouvel État était intimement lié au Vietnam et a suivi de près la ligne politique de ce pays jusqu'à la fin des années 1980 [3].


c— Communisme Lao et libéralisation


Au cours des premières années, les dirigeants Lao ont déclaré que leur double objectif économique était "la transformation socialiste et la construction socialiste". Suivant le modèle communiste Vietnamien, les dirigeants du parti ont tenté de créer des collectifs agricoles dans les campagnes et de nationaliser l'industrie. Les anciens membres de l'armée royale lao et du gouvernement - peut-être jusqu'à 30 000 - ont été incarcérés dans des camps de "rééducation". Ces mesures politiques répressives, ainsi que les conditions économiques difficiles, contraignirent 10 % de la population du pays à traverser le Mékong pour se réfugier en Thaïlande [4]. Les dirigeants du LPRP ont mis en œuvre des politiques limitées de libéralisation économique et sociale. En 1986, ils ont inauguré une réforme majeure appelée le Nouveau Mécanisme Economique (NME), qui a suivi l'introduction de la perestroïka en URSS. Le NEM a introduit des incitations du marché et a commencé à décentraliser l'entreprise économique du gouvernement. Avec l'effondrement des régimes communistes en Europe de l'Est et de l'Union soviétique à la fin des années 1980, et la mise en œuvre des réformes économiques dans le cadre de l'initiative ‘Doi Moi’ ("rénovation") au Vietnam, le Laos a ouvert son économie. Les investissements privés et les entreprises privés ont été encouragés et, au grand soulagement des paysans Lao, les tentatives de collectivisation de l'agriculture ont été abandonnées au profit d'exploitations familiales. Le parti au pouvoir a conservé un contrôle incontesté, mettant un frein à toute tentative d'opposition organisée. Une nouvelle constitution a été promulguée en 1991 [4].


d— Caractéristique de l’économie Lao

L’économie laotienne s'est accélérée, bénéficiant de l'augmentation des investissements directs étrangers d'une longue liste de pays (Thaïlande, Vietnam, Australie, Chine, France, Japon, Malaisie, Corée du Sud, Singapour, Taïwan, Inde et Russie), en particulier dans les secteurs des ressources naturelles et de l'industrie. La construction d'un certain nombre de grands barrages hydroélectriques et l'expansion des activités minières ont été les principaux moteurs de l'économie. L'impact de ces projets a été énorme [6].


[1] Carine Hahn, Le Laos, Karthala, 1999

[2] Laos The Battle of Vientiane- Laos The Widening war - US Library of Congress.

[3] Paul Fritz Langer ‘Revolution in Laos-The North Vietnamese and the Pathet Lao’, 1969, Disponible sur: https://www.rand.org/pubs/research_memoranda/RM5935.html

[4] Laos The Pathet Lao, Library of Congress Country Studies

[5] Jean-Pierre Barbier, « Objectifs et résultats de l'aide économique au Laos : une évaluation difficile. », 1975, p. 333-353

[6] Joseph J. Zasloff, ’The Lao People’s Democratic Republic’ Disponible sur https:// www.britannica.com/place/Laos/The-Lao-Peoples-Democratic-Republic

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