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Un barrage à Luang Prabang

Classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1995, Luang Prabang est aujourd’hui menacée à de multiples niveaux par la construction d’un énième barrage sur son territoire.


A seulement 25 km en amont de l’ancienne capitale, ce barrage de 80 mètres de haut et 275 mètres de long en travers du Mékong pourrait au moindre événement climatique extrême mener à l’inondation de Luang Prabang et ainsi mettre en péril la vie de ses habitants et gravement endommager le patrimoine bâti qui fait la renommée de la ville. Luang Prabang pourrait ainsi perdre son classement et sa protection par l’UNESCO.


Ces risques sont à ajouter aux impacts écologiques, soulignés par la Commission du Mékong, qui vont de pair avec la construction d’un tel ouvrage : mauvais apport de sédiments alors que les berges souffrent déjà énormément de l’érosion, migration contrainte des poissons malgré le rôle central que joue la pêche dans la survie de 60 millions le long de la partie inférieure du Mékong, sécheresse en aval des barrages avec un impact majeur sur l’agriculture et sujétion aux potentielles manoeuvres de la Chine concernant l’eau retenue dans ses barrages…

 

Alors que ce barrage devrait coûter près de 3 milliards de dollars et produire 1460 mégawatts d’électricité, il est difficile d’ignorer l'événement de juillet 2018 avec la rupture au sud du Laos du barrage Saddle Dam D et le déversement de 500 millions de tonnes d’eau qui a fait plus de 40 morts, 100 disparus et 6600 personnes déplacées.


L’ambition du Laos de se hisser au rang de “batterie de l’Asie du Sud Est” pousse le pays à ignorer les préoccupations des ONG, des gouvernements Cambodgien, Thaïlandais et Vietnamien, des scientifiques, etc. et construirait ainsi son plus grand barrage sur le Mékong à seulement 8,6 km d’une ligne de faille sismique active. Très concrètement, ce barrage pourrait déclencher un séisme de magnitude 7 ou 8.


Ce barrage est un projet conjoint entre le gouvernement du Laos, la société vietnamienne de pétrole et de gaz, PetroVietnam, et le géant thaïlandais de la construction Ch. Karnchang PCL. Alors que le Viêtnam demandait dans un premier temps au Laos d’abandonner ce projet de barrage, le choix de finalement prendre part à sa construction a provoqué la consternation de nombreux acteurs de la scène internationale et locale. L’explication pour ce repositionnement serait que si le Viêtnam ne le faisait pas, alors la Chine porterait ce projet. La menace était trop forte pour la souveraineté du pays du Dragon.


Alors que cette “ruée vers l’or bleu” est censée sortir le pays de la pauvreté, la réalité est telle que ces plus de 80 barrages à travers le pays précarisent la situation de millions d’habitants aussi bien en termes d’habitat, de nourriture, d’eau que de coût de l’électricité, d’intégrité physique et de mobilité. Il est à noter que plus des deux tiers de l’électricité produite au Laos est exportée, particulièrement en Thaïlande et au Viêtnam, et ce, alors que de nombreux villages laotiens ne sont toujours pas électrifiés par l’Etat.

Cette obsession pour l’hydroélectricité menace de tuer le Mékong à petit feu sous couvert pour le Laos de se positionner sur l’échiquier politico-économique d’Asie du Sud-Est et au détriment de sa propre population.


Bibliographie :



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