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Les oubliés du silence : la surdité au Laos, un combat sans cohésion




Au Laos, être sourd, c’est souvent être invisible. Bien que certaines actions isolées cherchent à améliorer le soutien aux enfants sourds et malentendants, le manque de coordination entre les intervenants locaux laisse ces enfants et leurs familles sans soutien. La récente mission ORL menée par le Dr Antoine Perdu met en lumière des efforts louables mais dispersés, révélant un problème plus profond : l’isolement institutionnel des sourds dans la société laotienne.


Une prise en charge fragmentée


L’école des sourds et muets de Luang Prabang, comme celle de Vientiane, fonctionne avec des moyens dérisoires. Les enseignants y sont rares et le matériel, bien que parfois offert par des organisations étrangères, reste insuffisant, inadapté ou sous-utilisé faute de formation adéquate.

Lors de notre mission, nous avons découvert que l’hôpital de Luang Prabang ignorait l’existence d’une salle audiométrique pourtant fonctionnelle dans l’école locale. Un exemple marquant du manque de communication entre les acteurs.

Pourtant, les besoins sont immenses : diagnostic précoce, appareillage, suivi éducatif et accès à la langue des signes. L'école Hands of Hope à Vientiane constitue une source d'espoir pour ces enfants en leur fournissant un lieu de formation, d'échange et d'expression. Parmi eux, une jeune fille formée par l’établissement est aujourd’hui enseignante à son tour. Un modèle encourageant pour ces enfants fréquemment considérés comme sans avenir.


Une société entre fatalisme et méconnaissance


Au Laos, la surdité est enveloppée de superstitions et de malentendus. Dans quelques communautés rurales, elle est considérée comme une fatalité, ou même comme une conséquence des actions d'une existence antérieure. Comme exemple, certaines familles, persuadées qu'un esprit maléfique réside en leur enfant, s'efforcent de le « soigner » en lui faisant ingurgiter un poisson vivant.

Par ailleurs, la langue des signes, indispensable à leur indépendance, peine encore à être reconnue en tant qu'instrument d'émancipation et d'éducation. L'absence marquée de professeurs qualifiés dans cette langue entrave encore plus leur intégration.

Quelle solution pour briser l’isolement ?

Dans ce contexte, il est primordial d'améliorer la collaboration entre les écoles, les hôpitaux et les autorités du pays. L'initiative entreprise par PEMM a favorisé une communication entre l'hôpital de Luang Prabang et l'école des sourds, mais cela reste insuffisant sans un réel engagement des autorités locales.

L'initiative de la Journée internationale de la surdité, qui rassemble les enfants de Luang Prabang et ceux de Vientiane, est louable. Elle ne doit pas être qu'un simple symbole : elle doit également servir de tremplin pour une politique nationale d'inclusion et d'éducation adapté.

Le Laos dispose d'acteurs impliqués et de volonté. Ce qui fait défaut, c'est une perspective partagée pour sortir ces enfants du silence et leur offrir la place qu’ils méritent dans la société.



Eva ARDIN




 
 
 

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