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Le Mékong : Pour un développement durable

« Le droit au développement doit être réalisé de façon à satisfaire équitablement les besoins relatifs au développement et à l'environnement des générations présentes et futures. » (Sommet de la terre, Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, Rio, 1992)



Long de 4.350 km, le Mékong traverse 6 nations allant de l'Himalaya à la mer de Chine: le Laos, la Birmanie, la Thaïlande, le Cambodge, le Vietnam et la Chine où s'écoule la moitié du fleuve. Le Mékong contribue au développement économique de toute l’Asie du Sud-Est et permet à 60 millions de personnes de se nourrir. Sa zone d'influence, le bassin versant, est de 800 000km², dont le quart se situe au Laos. L’importance des enjeux qui s’y jouent (économiques, sociaux, environnementaux), le nombre d'états traversés, la diversité des acteurs concernés et le contraste des pouvoirs en oeuvre sont des facteurs qui rendent la coopération internationale compliquée.


Le Mékong, fleuve international


Afin de coordonner la gestion partagée du Mékong et de favoriser la coopération entre les états plusieurs accords internationaux et organismes ont vu le jour.

L'ASEAN (Association des nations d'Asie du Sud Est), créée en 1967 est le premier acteur de la coopération entre les états du Sud-Est, elle a pour but de fournir un espace pour la discussion et les négociations internationales. La Chine n'en fait pas partie mais depuis 2001, il existe un accord de zone de libre-échange entre la Chine et l'ASEAN. Toutefois l'organisme privilégié pour la gestion, le développement durable du Mékong et le partage de ses ressources entre les pays n'est autre que la Mékong River Commission (MRC), dont font partie le Cambodge, le Laos, le Vietnam et la Thaïlande mais pas la Chine qui dispose pourtant de la moitié de l'écoulement du Mékong, en amont. Depuis sa création en 1995 par la signature de l'Accord du Mékong, la MRC a adopté une série de procédures, pour la qualité de l'eau, l'échange de données et pour la surveillance de l'utilisation de l'eau. Elle dispose d'une expertise technique et produit un discours et une analyse du Mékong importants pour sa gestion. Toutefois, la MRC est limitée dans ses actions, ne disposant pas d’une réelle capacité de décision, et dans l'incapacité de gérer l’ensemble du bassin, la Chine se refusant à faire partie de la MRC.

La réticence de la Chine à prendre part à une gestion commune du Mékong s'explique par sa volonté de mettre en valeur les ressources hydrauliques du Mékong et de développer ses provinces. En effet, la Chine construit une série de projets hydroélectriques sur le haut Mékong et est réticente à prendre tout engagement susceptible d'empêcher ces projets et de limiter la production d'énergie nécessaire à l'essor de ses activités.

La question des exploitations hydroélectriques est particulièrement sensible. Une tension entre l’amont et l'aval liée aux intérêts divergents entre les états du bassin génère un important rapport de force, l'aval n'ayant pas la main sur les activités de la Chine et de l’amont en général mais subissant ses effets.


Enjeux sociaux et économiques


Les usages divers, les usagers variés du Mékong et la divergence de leurs intérêts rendent la gestion du fleuve et ses enjeux plus divers encore. Ses acteurs sont autant publics que privés, il peut s'agir d'ONG, d'états, en passant par les communautés locales. Leur utilisation du Mékong et les activités qui en découlent sont multiples : pêche, industrie, navigabilité, tourisme, besoins domestiques. Cette interaction sur le même terrain implique d'importants risques de conflits d'intérêts entre les différents acteurs, qui vont entrer en concurrence et en conflit pour l'utilisation du Mékong.

Les enjeux sociaux sont principalement le lot des communautés locales et habitants du bassin du Mékong qui vont dépendre de ses ressources, de sa structuration et de son évolution. Les activités industrielles et touristiques vont directement impacter sur les ressources halieutiques, le débit du fleuve etc, donc sur la subsistance et la sécurité alimentaire de ces communautés. Les pêcheurs sont les plus touchés par ces aménagements et sont parfois obligés de se reconvertir pour subvenir à leurs besoins.

Depuis les années 1990, le développement économique et la croissance industrielle orchestrés par le gouvernement laotien se sont tournés vers la mise en valeur du potentiel énergétique du Laos, considéré comme une solution d'avenir. D'importants projets hydrauliques et hydroélectriques visant à faire du Laos « la pile de l'Asie » ont vu le jour. En septembre 2010, la République démocratique populaire lao a lancé une procédure d'approbation de 11 projets de barrages auprès de la MRC. Le 29 octobre 2019, on inaugurait le très controversé barrage Xayaburi, un méga barrage de 820 mètres situé directement sur le canal principal du Mékong.

Bien que ces projets hydroélectriques fourniraient une puissance énergétique importante permettant de réaliser les projets de développement du gouvernement lao, ils soulèvent de nombreuses questions et problématiques environnementales.


Risques et enjeux environnementaux


Le bassin du Mékong fait l'objet d'une importante activité institutionnelle, principalement des associations occidentales dont les thématiques sont multiples et qui ont développé un partenariat avec les gouvernements nationaux (par exemple la croix rouge).

Ces ONGs internationales sont les principaux représentants des communautés locales pour défendre leurs intérêts auprès des instances de gestion du bassin et permettre la préservation de leurs modes de vie traditionnels.

En défendant les écosystèmes, ce sont également les principaux lanceurs d'alertes quand aux risques environnementaux liés à la surexploitation du Mékong. Cette suractivité entraine une importante dégradation de écosystèmes (modification du rythme hydrologique, baisse des sédiments) et une baisse des ressources halieutiques, notamment des poissons migrateurs bloqués par les barrages. L'utilisation industrielle, très invasive, du Mékong entraine aussi l'augmentation des risques de crues et d'inondations ou d'étiages dû à la fragmentation écologique et au remodelage du Mékong. La principale victime de ces modifications n'est autre que le Vietnam, pays le plus en aval du fleuve, qui s'inquiète de voir les projets de barrages modifier le début du fleuve au point de menacer la riziculture dans le delta. Son niveau est aujourd'hui le plus bas. On constate généralement que les activités de l’amont auront un important impact sur l'aval, sans que celui-ci puisse faire grand chose pour y remédier.


Sources:


  • Bastien Affeltranger et Frédéric Lasserre, « La gestion par bassin versant : du principe écologique à la contrainte politique – le cas du Mékong », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Volume 4 Numéro 3 | décembre 2003, mis en ligne le 01 décembre 2003, consulté le 31 mars 2020. URL : http://journals.openedition.org/vertigo/3715 ; DOI : https://doi.org/10.4000/vertigo.3715

  • R. Edward Grumbine, Jianchu Xu, Mekong Hydropower Development, The American Association for the Advancement of Science, Apr 8, 2011, Copyright © 2011, Copyright © 2011, American Association for the Advancement of Science.

  • TAILLARD, CHRISTIAN. “Les Berges De La Nam Ngum Et Du Mekong: Systèmes Économiques Villageois Et Organisation De L'espace Dans La Plaine De Vientiane (Laos).”Études Rurales, no. 53-54-55-56, 1974, pp. 119–168.JSTOR, www.jstor.org/stable/23216811. Accessed 1 Apr. 2020.

  • Éric Mottet & Frédéric Lasserre(2014)Géopolitique des aménagements hydroélectriques des affluents du Mékong en RDP Lao : développement et intégration régionale,Canadian Journal of Development Studies / Revue canadienne d'études du développement,35:4,522-538,DOI:10.1080/02255189.2014.966807

  • Delahaye, Iris. « Le Mékong : le fleuve des six nations »,Monde chinois, vol. 33, no. 1, 2013, pp. 91-99.

  • Olga Alexeeva et Yann Roche, « Le point de vue chinois sur les enjeux des barrages chinois sur le Mékong »,L’Espace Politique[En ligne], 24 | 2014-3, mis en ligne le 12 janvier 2015, consulté le 01 avril 2020. URL : http://journals.openedition.org/espacepolitique/3268 ; DOI : https://doi.org/10.4000/espacepolitique.3268


Iris PRZYCHODZEN VINCENT



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