La jeunesse laotienne en proie au désespoir, c’est le cri lancé par l’article du journal anglais la BBC « «I feel hopeless » : Living on the Laos brink »(1).
Dans un contexte de post-pandémie, la question de la jeunesse se pose de façon internationale : comment s’insérer sur le marché du travail après deux années entrecoupées de fermeture des frontières et de confinement ? Que valent les diplômes pour les étudiants qui n’ont pas passé d’examens ? Au Laos, la situation est autrement difficile pour les jeunes : la plupart réfléchissent à quitter le pays pour faire leur vie et leur carrière ailleurs.l’article rend compte des témoignages de jeunes diplômés qui voudraient s’insérer sur le marché du travail et se faire une place dans leur propre pays.
Problème : le pays rencontre une diversité et une complexité de crises qui touchent de plein fouet cette jeunesse désillusionnée et ne faisant plus confiance aux instances de décisions. Aujourd’hui, le Laos c’est 7% de sa population suivit avec moins de 2$ par jour, 18% qui vit en dessous du seuil de pauvreté et 22% dans des bidonvilles (2). Cette pauvreté qui avait tendance à reculer entre 2012 et 2018 revient en force avec l’inflation du kips. Un jeune travaillant dans le secteur du tourisme (pourtant un secteur économique important et portant) reconnaît ne gagner que 125 dollars par mois pour se loger et nourrir sa famille.
Cette situation économique pourrait être pire…Et elle l’est avec l’endettement du pays vis-à-vis de la Chine. L’article mentionne la construction et l’exploitation de la ligne de chemin de fer qui relie Vientiane au Su de la Chine, mais 70% de l’exploitation de cette ligne de fer revient directement à la compagnie chinoise, c’est sans rappeler que la Chine possède aussi la construction et l’exploitation des barrages hydrauliques d’électricité ; ces barrages impliquent la modification profonde des écosystèmes, le déplacement des populations, et créent des risques d’inondation importants et extrêmement dangereux pour les populations vivant autour. Le Laos est sous domination chinoise, bien que cette domination ne cite pas son nom. Le « soft power » chinois est tel qu’il se diffuse sûrement (et pas vraiment lentement) au sein du Laos. Le résultat est que les projets de développement du pays ne bénéficient pas au Laos, mais viennent augmenter l’emprise et la force de son voisin.
Crise de confiance, crise économique, crise géopolitique… Ce cocktail de crises n’est pas pour plaire à la jeunesse qui préfère fuir vers la Thaïlande ou le Cambodge pour vivre. Cette dette, engendrée face à la Chine, pose des problèmes pour assurer les services publics pourtant essentiels à la vie des populations comme l’école et la santé.
La situation se dégrade pour le peuple laotien, pris au dépourvu et sans moyen de lutter pour sa survie.
Le projet de PEMM est d’améliorer les conditions et la qualité des soins apportés aux populations du Nord qui en sont fortement dépourvues, mais l’impact que l’association souhaite avoir est bien plus ambitieux que cela (même si ce projet à lui seul est déjà bien trop important) : en donnant accès aux services de santé, d’eau et d’assainissement, il s’agit de redonner de l’indépendance et de l’autonomie à ces populations. Avec des infrastructures propres et saines, des soignants formés, de l’eau et un environnement sain, nous espérons donner l’opportunité à nos partenaires locaux de gagner en compétence et de devenir eux-mêmes le moteur des changements à venir. Le désespoir est compréhensible, mais il nous faut lutter contre ce fatalisme pour continuer de faire vivre la diversité ethnique et les nombreuses cultures présentes dans ce pays.
Mylène GELIOT
Responsable en Gestion de Projet
(1) « Je me sens désespéré : vivre au Laos, pays au bord du gouffre » https://www.bbc.com/news/world-asia-66924300
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