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Accéder à l'éducation au Laos

La république démocratique du Laos compte aujourd'hui plus de 7 millions d'habitants et recense 49 ethnies (selon le recensement national de 2005), au moins autant de langues parlées et une population résidant majoritairement en milieux rural. Ces facteurs sont à prendre en compte pour comprendre les mutations de l'éducation au Laos, au même titre que les traditions, l'économie, la condition des femmes ou les politiques d'amélioration de l'enseignement.



Un état des lieux de l'enseignement au Laos

Différents modes et lieux de transmissions sont présents au Laos : l'éducation publique est la principale mais les populations ont aussi recourt à l'éducation par les institutions religieuses, dans les monastères et les temples, en alternative au manque d'écoles publiques. L'éducation publique au Laos se découpe entre 5 ans à l'école primaire, puis 3 années de collège et 3 ans de lycée. Toutefois, les possibilités de poursuivre leurs études dans l'enseignement secondaire sont rares et peu d'enfants dépassent les 3 années d'école. L'Université nationale de Vientiane offre l'unique possibilité d'accès aux études supérieures dans le pays. Le gouvernement Lao a amélioré le niveau des écoles existantes et construit de nouvelles structures mais il ne parvient pas toujours a payer les enseignants et à fournir des supports pédagogiques. Les équipements restent insuffisants et inadaptés.

L'accès a l'éducation est déterminé par la situation géographique, le sexe et l'appartenance ethnique des élèves. Même si des efforts ont étés réalisés pour améliorer l'accès à l'éducation des filles et des minorités ethniques, ces marqueurs sociaux sont fortement implantés dans la société laotienne. Le lao est la langue de l'ethnie majoritaire au Laos (les lao loum). C'est aussi la langue officielle et celle utilisée dans l'enseignement. Pourtant, elle est parlée par à peine plus de la moitié de la population, ce qui va creuser les écarts lors des études et établira une hiérarchie entre les élèves lao loum et ceux des autres ethnies minoritaires. Ces inégalités vont s'aggraver dans les zones rurales et isolées, les élèves étant plus vite obligés d'abandonner leurs études pour aider leurs parents à travailler. En particulier pour les filles qui vont devoir s'occuper de la maison et à qui l'ont apporte moins d'importance pour l'éducation. Les enseignants vont généralement moins en attendre des filles qu'ils considèrent plus comme timides et réservées. Ainsi beaucoup de filles ne suivront pas une éducation suffisante et beaucoup resteront illettrées. Le taux d'alphabétisation des femmes par rapport aux hommes en 2008-2012 était de seulement 76,7%. Plus que les stéréotypes de genre, ce sont de véritables normes inscrites dans les relations familiales et sociales qui influencent la l'inclusion et l'assiduité des filles au système scolaire. La parité entre les sexes apparaît comme la première étape d'une suite logique pour atteindre l'objectif d'égalité des genre. Selon l'Unesco, elle est loin d'être atteinte au Laos.


L’Indice de Parité des Sexes en Asie

Source: Aline Henninger et Émilie Ponceaud Goreau



Des influences extérieures

Dans une situation de dégradation économique avancée, le pays s'est ouverts aux investisseurs étrangers et aux marchés internationaux introduisant par la même occasion l'influence occidentale. Celle-ci va largement participer aux évolutions du milieux scolaire, remplaçant peu à peu les méthodes d'enseignement traditionnelles fonctionnants sur le modèle du cours magistral par des cours plus centrés sur l'élève et son parcours personnel, son vécu, sa culture. Les élèves ont plus la possibilité de s'exprimer en classe et d'être actifs dans leur apprentissage. De la même manière, une idéologie va s'importer au Laos, sur des questions telles que l'égalité des sexes et entre les différentes ethnies.

Aujourd’hui et depuis plusieurs années, le système éducatif lao connait d'importantes réformes et si le pays a fait des progrès significatifs, atteignant un taux net de scolarisation au primaire de 98,8% le ministère de l''éducation reconnaît la difficultés à mettre en place ces réformes. Des tensions apparaissent liées à la rencontre des modèles occidentaux et des structures hiérarchiques traditionnelles qui limitent la mise en place des réformes. De plus, le pays est fortement dépendant de financements extérieurs, il manque d'enseignants suffisamment formés, de programmes adaptés et de matériels pédagogiques.


Priorités et évolutions

Afin de soutenir le gouvernement dans l'amélioration de la qualité de l'enseignement des solutions existent. Les principaux défis sont la réduction du décrochage au primaire, atteindre l'équité et améliorer les résultats scolaires. Il est prioritaire d'éradiquer l'analphabétisme, de renforcer l'enseignement secondaire et primaire. En octobre 2015, un financement de 16,8 millions de dollars a été lancé par le Partenariat mondial pour l'éducation pour un projet d'amélioration de la qualité de l'enseignement secondaire et primaire dans le pays. Mais c'est également à l'échelle locale que des actions doivent être menées, auprès des écoles, des enseignants et des élèves, en prenant en compte la situation de ces derniers.


Iris PRZYCHODZEN VINCENT



Sources:


  • Henninger Aline, Ponceaud Goreau Émilie, « Introduction », Les Cahiers d’Outre-Mer [En ligne], 276 | Juillet-Décembre, mis en ligne le 14 juin 2019, consulté le 03 décembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/com/8303


  • Kongsy Chounlamany, « La réforme de l’éducation en République démocratique populaire du Laos : bonnes intentions et tensions ? », Revue internationale d’éducation de Sèvres [En ligne], Colloque : L’éducation en Asie en 2014 : Quels enjeux mondiaux ?, mis en ligne le 11 juin 2014, consulté le 01 décembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/ries/3750





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